LA MARE
Les mares naturelles se font de plus en plus rares. Elles jouent pourtant un rôle essentiel dans l’environnement puisqu’elles limitent les crues et retiennent les eaux de ruissellement. Elles constituent en outre des écosystèmes très riches et diversifiés accueillant une faune et une flore spécifiques, souvent menacées. Bon nombre d’animaux s’y abreuvent ou y trouvent refuge. Une mare est à coup sûr objet de multiples observations et activités pour vos élèves !
Principe
Une mare a besoin d’un niveau d’eau suffisant pour que se développent une flore et une faune aquatiques. Il faudra donc trouver le point le plus bas de la parcelle pour pouvoir profiter du ruissellement de l’eau de pluie ou encore détourner une gouttière afin que votre mare puisse rester en eau toute l’année. Sa taille n’a que peu d’importance, même une mare de faible étendue (2 à 3 m²) favorise une grande diversité biologique. Pour garantir un écosystème en bonne santé, quelques règles sont à respecter : bon ensoleillement, au calme, loin des arbres, berges en pente douce, contour irrégulier, profondeur comprise entre 80 et 150 cm, différents niveaux, quelques plantations indigènes… Une fois votre mare réalisée, il ne vous restera plus qu’à attendre quelques mois pour voir arriver spontanément les premiers organismes vivants. Sachez que la loi interdit l’introduction volontaire de grenouilles, tritons et crapauds : ces espèces sont protégées ! Laissez plutôt faire la nature.
TÉMOIGNAGE
Notre établissement a la chance d’être implanté sur le site du château de Rollancourt. Ce site qui fait l’objet d’une gestion différenciée, permet la rencontre d’une zone humide, d’un massif forestier et d’un village rural. C’est une belle opportunité pour la formation BTSA Gestion et Protection de la Nature en apprentissage. Au sein de cet ensemble subsiste une mare qui subit la dynamique naturelle du milieu. Entourée de ligneux, elle se referme avec l’accumulation de biomasse (chute des feuilles en automne). Nous souhaitions conserver cette mare active et dans un bon état écologique et l’appel à projet Génération+Biodiv a été pour nous l’occasion de travailler à sa conservation. Le partenariat avec le CPIE Val d’Authie a permis la réalisation d’un état des lieux, l’écriture d’un plan de gestion et la réalisation des premiers travaux. Les apprentis se forment en alternance, il a donc été nécessaire de planifier les interventions dès le départ du projet tout en faisant preuve de souplesse dans l’emploi du temps car les inventaires, par exemple, sont dépendant des conditions climatiques. Ce projet collectif nécessite l’adhésion et l’implication de différents acteurs dès le départ, comme le propriétaire du site, le conseil d’administration, le personnel de la MFR et les élèves. Puis, nous avons réalisé des bilans réguliers. Cette mare est un outil pédagogique très intéressant. Les apprentis se sont appropriés le projet qui devient la source de nombreuses situations professionnelles vécues. Depuis le début de l’aménagement de la mare, d’autres formateurs et élèves étudient cet écosystème. Ces observations ont d’ailleurs permis de constater l’arrivée de taxons (amphibiens, oiseaux, odonates…). Nous envisageons de poursuivre l’aménagement de cette mare en favorisant la mise en place d’une roselière et en installant un platelage et un panneau d’interprétation.
François LACROIX Moniteur, responsable de la formation BTSA GPN - MFR de Rollancourt
Mode d’emploi
Voici quelques étapes pour réaliser un véritable concentré de vie dans quelques m² !
1 Commencer par imaginer la mare sur papier.
Le schéma indiquera le lieu, les dimensions, la forme (plutôt asymétrique), la profondeur des zones... À l’aide de ce plan, délimiter les contours de la mare avec une cordelette et des pierres au sol.
2 Le gros œuvre démarre
Armez-vous de courage et motivez votre troupe ! Ces gros travaux peuvent parfois en rebuter certains. Creuser en constituant une zone plus profonde et des paliers horizontaux qui favoriseront l’implantation des végétaux et des animaux.
Travailler les pentes : d’un côté une pente douce, de l’autre une pente plus abrupte. Penser aux brouettes pour évacuer la terre et la disposer de manière à ce qu’elle ne retombe pas au fond du trou en glissant… La conserver pour la suite, cette terre servira pour les aménagements aux alentours car elle est riche en matières nutritives.
3 Il est temps d’imperméabiliser le fond pour retenir l’eau dans la mare.
Si le sol est caillouteux, posez un lit de sable de quelques centimètres. Puis, poser un feutre géotextile. Enfin, amener la bâche par-dessus et l’appliquer très soigneusement pour qu’elle puisse épouser parfaitement les différents paliers.
4 Recouvrir la bâche avec de la terre sur au moins 20 cm et attendre qu’elle se tasse.
5 Ça y est, on peut mettre en eau ! Avec de l’eau de pluie de préférence car l’eau courante est mal adaptée à la croissance des plantes aquatiques (elle contient du chlore notamment).
6 Enterrer le surplus de bâche dans une tranchée faite à la bêche autour de la mare.
Points de vigilance
■ L’implantation de la mare doit se situer à l’écart de la cour de récréation, des aires de circulations extérieures pour limiter les risques en cas de bousculade.
■ Éviter d’installer la mare dans un endroit en pente. De nombreux animaux (hérissons, insectes...) pourraient s’y noyer.
■La décomposition des feuilles dans une mare acidifie l’eau, l’enrichit en matières nutritives et conduit à un manque d’oxygène... S’il y a des arbres, penser à recouvrir la mare d’un filet à l’automne.
■ Ne surtout pas introduire de poissons et en particulier des poissons rouges. Ce sont de redoutables prédateurs qui auront tôt fait de faire disparaître têtards et larves d’insectes.
Bien choisir les plantes aquatiques
Les plantes contribuent à l’épuration et l’oxygénation des eaux et servent de refuge et de nourriture pour de nombreux animaux. Dans la grande majorité des cas elles y viennent naturellement, transportées par le vent ou les animaux. Cela demande parfois un peu de temps, notamment si la mare est en situation isolée ou en zone urbaine... Un « coup de pouce » peut alors aider la mare à prendre vie, mais là encore certains éléments doivent attirer votre vigilance.
Les plantes de berge
(Lychnide fleur-de-coucou - Pulicaire dysentérique - Consoude officinale - Salicaire commune…) doivent avoir les racines toujours plus ou moins humides. Pour la plantation, la meilleure période se situe au printemps. Faites un trou de 5 à 15 cm de profondeur et plantez. Si la terre est sèche, arrosez-la copieusement avec de l’eau de la mare.
Les plantes de rives semi aquatiques
(Valériane rampante - Iris des marais - Populage des marais - Lysimaque vulgaire…) doivent avoir leurs organes pérennes (rhizomes) enfouis dans la vase sous le niveau de l’eau et qui bourgeonnent dans l’eau mais dont les organes feuillés émergent hors de l’eau. On veillera donc à avoir un substrat dans le fond de la mare, spécialement si celui-ci est une bâche.
Les plantes aquatiques
peuvent être flottantes (Cornifle nageant) ou enracinées sur le fond (Myriophylle en épi, Callitriche à angles obtus, Potamot pectiné…), il suffit de les jeter à la surface de l’eau pour qu’elles se multiplient. Pour les enracinées, prévoyez un substrat de culture (dans le fond de la mare ou alors dans des paniers). Ces plantes s’installent au printemps, lorsque la mare est encore en eau et participent à son oxygénation.
Où se procurer les plants ?
Vous pouvez les prélever avec parcimonie (en vous interdisant les plantes protégées) dans un plan d’eau avoisinant. Il est possible de prélever des graines, des boutures ou des pieds. Il convient évidemment de demander l’autorisation du propriétaire et de ne pas décimer le site d’origine. L’achat est une solution plus simple mais plus onéreuse. Vous trouverez quelques plantes de rives sur le site ECOSEM : www.ecosem.be/fr/index.php Pour les plantes immergées : www.planteaquatique.com